Voici un témoignage qu'un habitant du quartier de l'ARC nous envoie:
Cette semaine, quelle ne fut pas notre surprise de voir deux femmes anglaises un peu âgées sonner à notre porte… pour demander d’aller aux toilettes !
Ces deux femmes, d’une éducation stricte à n’en pas douter, ne se seraient jamais permis une telle demande à des inconnus, à plusieurs milliers de kilomètres de chez elles. Mais voilà, elles arrivaient de l’arc de triomphe où les toilettes publiques payantes sont hors de service. Nous habitons une maison particulière, seule porte accessible actuellement dans le quartier, car celles des résidences sont sécurisées, donc étanches à tout contact humain.
Nous avons voulu leur montrer que l’accueil à la française existait et leur avons bien entendu donné l’autorisation de satisfaire à leurs besoins naturels, ce qui nous valut une vague de remerciements à la hauteur de leur étonnement qu’un tel lieu d’histoire dans une ville au passé mondialement reconnu n’offre pas un minimum d’accueil aux touristes si nombreux et tant recherchés…
Deux jours plus tard, revenant d’une marche du côté de l’arc, nous sommes passés à côté de ces fameuses toilettes. L’environnement sale et le sol jonché de détritus montraient que les services de la ville n’avaient pas nettoyé depuis longtemps. Nous vîmes arriver un couple de touristes américains dont la dame se déplaçait en fauteuil roulant.
La première porte des toilettes ne s’ouvrit pas… la deuxième non plus !
J’en étais navré pour eux, tentant de m’imaginer à la place de cette femme handicapée à la recherche d’un lieu d’aisance. J’ai essayé de lui expliquer (en anglais, pour qu’ils se sentent un peu chez eux…), de tenter une excuse collective au nom des Orangeois, je me sentais coupable envers elle qui ne comprenait pas.
Deux questions se posent :
Le tourisme fait partie des premières ressources de la ville. Peut-être pas de la municipalité, malgré qu’elle encaisse les taxes de séjour et qu’elle se gave d’impôts sans les reverser dans la vie locale, mais celle des commerçants du centre-ville qui ont un grand besoin de clientèle. Accueillir le touriste ne signifie pas seulement construire un bâtiment démesuré, de faire imprimer des dépliants fringants, mais aussi de penser à l’ensemble des besoins les plus basiques qu’un touriste peut avoir, comme tout un chacun en a, vous, moi, édiles compris.
Penser qu’hier, il faisait plus de 34° et que cette femme handicapée ne savait pas où aller m’a soulevé le cœur. Pourquoi ?
Une fois de plus, la question se pose sur l’utilisation de nos impôts. Comment pouvons-nous accepter cela ? Monsieur le maire avait déjà reconnu qu’il y avait un nettoyage urbain à 2 vitesses : le cœur de ville et les cités. Mais là, nous ne comprenons pas. Nous étions habitués au mépris manifesté envers les populations des quartiers périphériques, mais pas encore envers ceux qui participaient à la vie économique de la ville !
Un bon père de famille n’inviterait pas des amis à déjeuner en laissant son salon en désordre et les toilettes bouchées !
Ce discours de façade suffit. Chaque fois, c’est la même histoire, mais aussi la même question : pourquoi ?