Cinq fois plus de pesticides autorisés dans l’eau du robinet depuis février 2011 ! En toute discrétion…!
ci après Article publié le 29 février 2012 17:59, Les mots
ont un sens, par Napakatbra
Lien vers un autre article de Génération future traitant du même sujet: Plus de pesticides dans votre eau !
du 29 février 2012
Ne le lisez pas trop fort, ça risquerait de s’ébruiter : En catimini, en février 2011, le ministère de la Santé a décidé de multiplier par 5 la concentration maximale autorisée pour les pesticides dans l’eau du robinet. Désormais à consommer avec modération…
C’est l’association Générations Futures, ONG spécialisée dans la question des pesticides, qui a levé le lièvre le 7 février 2012, dans une indifférence médiatique totale.
Depuis 1998, un avis du Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France (CSHPF) tenait lieu de réglementation. Dans une transposition quelque peu olé-olé de la directive européenne 98/83, le CSHPF avait en effet décidé que l’eau ne devait “pas être utilisée, ni pour la boisson, ni pour la préparation des aliments” si un pesticide s’y trouvait à une quantité supérieure à 20% d’une valeur répondant au doux nom de “valeur sanitaire maximale” (VMax, définie par divers organismes : OMS, EFSA, AFSSA…). Une interprétation qui dépassait déjà largement les normes européennes.
Les pesticides, c’est bon… buvez-en !
La “nouveauté”, c’est qu’en février 2011, une instruction de la Direction Générale de la Santé (DGS, dépendant du ministère de la Santé), passée totalement inaperçue jusque là, a tout chamboulé. Sans tambour ni trompette, le ministère s’est donc jeté à l’eau et a décidé de porter les “seuils de potabilité” à 100% de la VMax. Soit une multiplication par 5 des seuils en vigueur ! Défoliant Décoiffant !
“Autrement dit : on va tolérer dans de très nombreuses localités des quantités de pesticides dans l’eau 5 fois plus importantes qu’avant décembre 2010 !” déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. “Ainsi pour un pesticide comme le folpet, pourtant classé cancérigène probable aux Etats-Unis, on va maintenant tolérer jusqu’à 300 μg/l pendant plus d’un mois alors qu’auparavant on ne pouvait dépasser les 60 μg/l pendant la même durée !” fulmine-t-il.
Le ministère de la Santé en eaux troubles…
Autre conséquence de cette nouvelle mesure sanitaire : la baisse artificielle du nombre de personnes concernées par une présence excessive de pesticides nécessitant une restriction d’utilisation de l’eau. On est ainsi passé de 34 300 personnes touchées par ces restrictions en 2009 à une estimation de 8 939, selon les chiffres du ministère ! De la belle ouvrage…
“Cette amélioration en trompe l’oeil n’est due qu’à une manipulation des valeurs de pesticides acceptées dans l’eau et pas à une véritable amélioration de la situation” proteste François Veillerette qui voit là “la preuve que les autorités publiques ont renoncé à améliorer la situation en changeant les pratiques agricoles en profondeur mais préfèrent changer les graduations du thermomètre que de faire vraiment baisser la fièvre !“…
Et bientôt, au fil de l’eau, il suffira d’arroser son jardin pour le désherber ? On n’arrête pas le progrès…
Notre commentaire : Et bien, voilà la réponse à notre question dans l'article en lien suivant. Incroyable mais vrai! Plus besoin d'imaginer un concours de circonstance une panne un peu longue, une erreur humaine sur le site de l'ARS. Nous avons notre explication sur le pourquoi de l'absence de publication des taux du pesticide incriminé dans la pollution de l'eau potable de Jonquières ainsi que de l'effacement des résultats antérieurs.
En fait, il n'y a plus de problème de pollution de l'eau potable si les seuils sont vraiment multipliés par 5. Par ce tour de passe passe, l'eau à Jonquières serait devenue potable, enfin pour l'administration. Maintenant, il suffit de laisser le temps effacer des mémoires, ce regrettable temps de la transparence, ces regrettables chiffres publiés dans un excès de zelle d'un fonctionnaire. Tout va bien vite se tasser...
Merci Messieurs les élus. Merci beaucoup c'est très très rassurant. On votera pour vous, c'est sûr.
1 :DIRECTIVE 98/83/CE DU CONSEIL du 3 novembre 1998 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine
2 : Sauf pour : aldrine, dieldrine,heptachlore et heptachloroépoxyde : ou la LQ = 0,03 μg/L
3 : Instruction DGS/EA4 no 2010-424 du 9 décembre 2010 relative à la gestion des risques sanitaires en cas de dépassement des limites de qualité des eaux destinées à la consommation humaine pour
les pesticides. NOR : ETSP1031820J. http://www.sante.gouv.fr/fichiers/bo/2011/11-01/ste_20110001_0100_0131.pdf
4 : bilan de la qualité des eaux 2010, DGS, congrès national santé environnement, 14-15 décembre 2011.