Orange, le 23 janvier 2004
Madame, Monsieur,
Membre de l’association citoyenne Orange Autrement depuis maintenant 3 ans, je ne peux que constater avec effarement les pratiques stupéfiantes du maire de la ville d’Orange J Bompard aussi bien envers la presse locale qu’envers les élus d’opposition et en particulier Anne-Marie Hautant membre d’Orange Autrement élue citoyenne au conseil municipal de la ville. Face à l’importance de la menace qui pèse, au quotidien, sur la démocratie locale dans ma commune il me paraît important de montrer la dangerosité de la situation.
Des tentatives pour museler la presse
Le maire d’Orange, réélu avec près de 60% des voix au premier tour des dernières élections municipales, n’hésite pas à se conduire comme un " baron local " tout en employant la manière forte pour mettre en avant sa gestion de la cité. Depuis 3 ans, il s’en est ainsi pris de manière identique à tous les quotidiens locaux du Nord Vaucluse qui ne respectent pas assez, à son goût, son point de vue. Cela a commencé avec le quotidien le Dauphiné Libéré accusé de " partis pris " (voir document 1). Le quotidien se retrouve donc exclu de toutes les communications municipales mais aussi pris pour cible par des tracts affichés à l’entrée de la mairie dénonçant le manque d’objectivité du journal (document 2).
L’histoire aurait pu en rester là, s’il n’y avait pas deux autres quotidiens sur la ville d’Orange. C’est La Provence qui est à son tour prise pour cible. Accusé la encore de parti pris et d’attaques " quotidiennes " contre M. le Maire (document 4), le journal est là encore mis sur la touche et devient même " un journal qui n’existe pas "(document 3). Les journalistes n’ont plus accès aux informations municipales sur ordres express de A-Y Beck, directeur de la communication, et du maire d’Orange (document 8). Les journalistes de la Provence se verront même refuser l’accès à certaines animations organisées par la ville(document 6). Bien entendu, l’Hebdo Vaucluse (le Comtadin) est à son tour mis en avant et se voit refusé l’accès aux informations municipales pour des raisons similaires (document 9).
Tous ces points précis ne sont qu’une infime partie de la situation orangeoise. Il faut, en effet, souligner que la presse est soumise à des attaques systématiques dans tous les numéros de la revue municipale " Orange Vérités ". Pas que la presse d’ailleurs puisque les journalistes sont régulièrement cités nommément dans les attaques de la mairie.
Face au danger que peu représenter le Front National aux prochaines élections régionales, en particulier en Provence Alpes Cotes d’Azur, il ne me semble pas inopportun de prévenir le monde de la presse des nouvelles conditions de travail qui pourraient apparaître en cas de victoire du Front National dans une région. Malheureusement, les dangers ne s’arrêtent pas à ces tentatives de manipulation de la presse. La liberté d’expression des élus d’opposition est, en effet, remise en cause.
La remise en cause de la liberté d’expression de l’opposition
Il faut, tout d’abord, souligner le climat détestable dans lequel se déroule chacune des séances du conseil municipal de la ville. Les élus d’opposition de gauche mais aussi et surtout Anne-Marie Hautant, élue citoyenne, sont soumis systématiquement aux railleries, moqueries, insultes et menaces des conseillers municipaux de la majorité, des adjoints et du Maire (voir par exemple le document 11). Ces abominations verbales, par ailleurs indignes d’élus de la République, ont autant pour but de déstabiliser les élus visés que de les empêcher de parler. Néanmoins, les séances ressemblant de plus en plus à un simulacre de démocratie et surtout les positions politiques de l’opposition ayant toujours le même écho, M. le Maire a décidé d’employer des moyens semblant plus proche de la légalité et surtout se voulant plus efficace dans la destruction du droit de parole de l’opposition. Le règlement intérieur du conseil municipal a donc été modifié.
Ce règlement intérieur était, dès le début de la nouvelle mandature, particulièrement restrictif : temps de parole limité à 3 mn par intervention, une seule intervention par dossier, possibilité de déposer des questions orales mais sous conditions drastiques. Mais au cours de la séance du conseil municipal du 29 octobre 2003, ce règlement a été encore durci en particulier dans son aspect répressif. En effet, la parole peut dorénavant être retiré à un conseillé municipal et si celui ci persiste, il peut être expulsé de la séance. Mais c’est là qu’intervient le plus dangereux des comportements. Anne-Marie Hautant a, en effet, été expulsé de la séance du conseil municipal du 21 janvier 2004 par la police municipale de la ville sur ordre du maire après l’examen du débat d’orientation budgétaire(pour avoir une image plus précise des faits voir document 12).
De toute évidence, il semble nécessaire de mettre en œuvre un certain nombre de règles pour régler les débats d’une assemblée et éviter ainsi une certaine forme d’anarchie. Néanmoins, l’application de telles règles nécessitent un minimum de souplesse. Le Maire d’Orange se vante d’avoir copier le règlement intérieur de la ville de Bollène. C’est en parti vrai mais l’application qui est faite de ce règlement à Bollène par M. Le Maire M. Serein permet une large expression de l’opposition représenté en autre par M-C Bompard. L’application qui en faite à Orange est nettement plus autoritaire et antidémocratique.
La vision de la démocratie de J. Bompard me semble aujourd’hui claire. Il est tout à fait possible d’avoir une opinion dès lors que celle-ci est la même que la sienne. Un conseil municipal doit être un organe passif composé d’élus tout juste bon à accepter les choix de M. le Maire et ayant comme seule utilité de donner une image de démocratie. La négation du choix laisse la porte ouverte à une forme d’autoritarisme local.
Il est de bon ton, en cette période de campagne électorale, de mettre en avant le fait que lutter contre le Front National sur le seul plan idéologique n’a pas fonctionné. La mode est à la contre argumentation du programme politique du FN. Je ne crois pas que cette solution aura plus de succès. Qui lit aujourd’hui les programmes politiques des partis ? Je me bornerai à rappeler qu’en 1995, M. Le Pen et M. Bompard mettaient en avant la ville d’Orange comme une vitrine des capacités de gestion du Front National. Si cette vitrine doit se généraliser, je pense que les Français méritent d’être au courant de la vision actuelle du Front national de la démocratie locale à Orange.
Dans l’espoir de voir la situation actuelle de la démocratie à Orange éclater au grand jour et me tenant à votre entière disposition pour vous donner de plus amples informations, veuillez agréez, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.
Document 1 : extrait d’Orange Vérité novembre 2001 : " la ville ne travaille plus avec le Vaucluse Matin "
la ville ne travaille plus avec le Vaucluse Matin
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