La municipalité d’Orange projette de construire un gigantesque complexe sportif en lieu et place de l’ancienne carrière de l’Etang.
Pour ce faire, elle a fait réaliser une étude hydraulique du quartier et a ouvert une enquête publique pour modifier le Plan d’Occupation des Sols.
Cette étude laisse entrevoir un certain nombre de zones d’ombres et planer de nombreuses interrogations. Elle note cependant que les projets de la commune et ceux du Syndicat de la Meyne devront être mis en compatibilité.
Le projet du Syndicat de la Meyne
Au cœur d’Orange, le débit maximum de la Meyne est de 15 m3/ seconde. En cas de crue décennale, le débit à évacuer sera de 30 m3/s.
Le bassin à sec du Chaponnet et celui en eau des Paluds, actuellement opérationnels, peuvent en écrêter 10 au total. Il en reste donc 5 à prendre en compte.
La seule solution pour protéger Orange d’une crue décennale de la Meyne passe donc par la dérivation de 5 m3/s des débits de crues transitant par le bassin en eau. Empruntant en partie le canal de Pierrelatte restauré et recalibré, ces eaux seraient rejetées dans la rivière en aval de la cité après un dernier écrêtement dans un bassin à construire dans la carrière de l’Etang.
A l’ouest de la colline Saint Eutrope, ces eaux rejoindraient la Meyne grâce à la réalisation d’un canal de rejet parallèle au chemin de Courtebotte.
Le quartier de l’Etang et le projet de la municipalité
Le cœur du quartier de l’Etang est une cuvette inondable qui n’est pas pris en compte par le Plan de Prévention du Risque Inondation car il n’est pas alimenté par la Meyne ou par l’un de ses affluents. Néanmoins, il faut savoir qu’il est la résultante de l’assèchement de l’étang d’Aglan et du drainage de ses sources par la mayre et le tunnel de la Mine. Ces travaux menés dans le milieu du 18ème siècle, permettent toujours d’évacuer ces sources et les eaux pluviales du secteur.
Aujourd’hui, le niveau du terrain varie de 50 à à 36.5 m, le point bas se situant au cœur du quartier fortement urbanisé de l’Etang.
La municipalité projette d’augmenter le volume du futur bassin de l’Etang et d’y faire transiter toutes les eaux des bassins versants situés au sud du canal de Pierrelatte et de la RN7.
Mais, elle ne dit pas si son projet est complémentaire de la totalité de celui du syndicat de la Meyne, à savoir l’écrêtage du bassin des Paluds, le recalibrage du tunnel et du canal de Pierrelatte, ainsi que la création d’un canal de fuite à l’ouest de la colline.
D’autre part, la municipalité envisage d’envoyer toutes les autres eaux pluviales dans la mayre de la Mine, à savoir celles provenant du sud du centre-ville, du lycée Saint Louis, de la rue du Bel Enfant et de l’ancienne carrière, y compris celles provenant de la future imperméabilisation des sols (toitures, voiries et parkings du futur complexe sportif et de ses annexes).
Mais, elle ne dit pas si elle remédiera au très mauvais état du tunnel de la Mine qui présente de forts risques d’éboulements, si elle prendra en compte les conséquences des rejets de la mayre sur les quartiers ouest de Nogent et de Giono, et si elle continuera à assurer la transparence hydraulique de l’autoroute en organisant la continuité souterraine des écoulements.
L’implantation du complexe sportif de l’Etang
La création d’un pôle sportif de 17 hectares comprenant un Palais des sports pouvant accueillir 4000 personnes, un village sportif et un centre d’entrainement, un pôle santé et une maison de retraite, des commerces et une résidence de tourisme, des logements et des villas, dans un quartier enclavé et inondable n’est sûrement pas le meilleur choix d’implantation.
Outre le coût pharaonique des aménagements hydrauliques et routiers, le risque inondation sera aggravé pour l’autoroute et pour les quartiers de l’Etang, de Nogent, de Giono, de l’Argensol et du centre-ville.
Les sections des deux tunnels, nettement insuffisantes, seront-elles agrandies ?
La très forte augmentation de la circulation et seulement 1500 places de parking engendreront forcément des problèmes de sécurité et de stationnement. L’importante fréquentation du lieu entrainera obligatoirement plus de bruits et plus de saletés. L’élévation d’un important talus pour réaliser la voie reliant la rue de l’Etang au chemin du bel enfant par l’actuelle impasse des Genêts créera une gêne indéniable pour les riverains.
Le quartier perdra à tout jamais, son côté campagnard et boisé.
Il semblerait plus judicieux d’implanter ces équipements à vocation régionale au niveau de l’échangeur sud de l’autoroute.
André ROSANIA
Ancien élu d’Orange