Pour ce qui est des Pays d’Orange, le projet de schéma départemental de coopération intercommunale de Vaucluse présenté par le Préfet ne reflète en rien une structuration cohérente de l’intercommunalité des bassins de vie d’Orange et d’Avignon.
L’INSEE considère que le Vaucluse est composé de trois zones d’emploi distinctes, trois espaces géographiques où la majeure partie de la population habite. Il s’ensuit que Cavaillon-Apt, Avignon et Orange ont leur propre bassin d’emploi.
De la même manière, l’Agence Régionale de Santé est en train d’élaborer la carte hospitalière de Vaucluse en tenant compte de la couverture géographique des hôpitaux d’Avignon, d’Orange et de Montélimar. Il résulte des premiers éléments du projet régional de santé qu’un certain nombre de services des hôpitaux de Bollène, Valréas et Vaison-la-Romaine ont déjà été rapatriés sur celui d’Orange.
Plus globalement, Orange et Avignon ont chacun leur circonscription électorale, leur Conseil des Prud’hommes et bien d’autres structures ne pouvant tirer avantage d’un quelconque rapprochement.
En matière de transport qui est l’un des piliers des compétences intercommunales, Orange et les communes de la Vallée du Rhône n’ont aucun intérêt à participer au financement du tramway reliant le Pontet à Villeneuve lez Avignon, de la liaison ferroviaire Carpentras-Avignon TGV et de la liaison routière Est-Ouest contournant Avignon par le sud.
Ces communes sont surtout motivées par la réalisation de la déviation d’Orange et par l’échangeur autoroutier de Piolenc.
En ce qui concerne les Plans de Prévention du Risque Inondation et les travaux à mettre en œuvre, le Grand Avignon est avant tout sensibilisé par le Rhône et la Durance, alors que le Haut Vaucluse l’est surtout par le bassin versant Lez-Aygues-Ouvèze.
Il est à penser que la proposition du Préfet est plus politique que rationnelle. Il faut donner à Avignon un poids équivalent à Aix-en-Provence et Nîmes pour exister face à Marseille et Montpellier. Le fait que l’équipe municipale d’Orange se soit marginalisée de celles de ses communes périphériques arrange bien cette proposition préfectorale.
Si l’intégration de la Zone d’Orange au Grand Avignon parait sans logique de territoire, limiter la communauté de communes des Pays d’Orange aux seuls cantons d’Orange serait tout aussi incohérent.
Alors que la rationalisation des intercommunalités va vers des zones plus étendues et plus peuplées, il est impératif pour des raisons de développement économique que la zone d’influence d’Orange dépasse les 100 000 habitants et qu’elle s’articule autour des forces qui font sa spécificité.
La coopération intercommunale nécessaire à une meilleure gestion des ressources, doit s’appuyer sur la mutualisation des services et des équipements, et sur l’organisation de l’habitat et des transports.
Mais, un projet d’aménagement du territoire et de développement économique est indispensable à la cohérence du "travailler ensemble". Les points forts de l’économie d’un bassin doivent déterminer une logique de territoire.
Pour ce qui est du bassin de vie du Pays d’Orange, les logiques économiques et géographiques doivent s’adosser au patrimoine, au tourisme, à la viticulture et au pôle industriel Tricastin-Marcoule.
Quoi qu’il en soit, en tant que ville-centre et au minimum, Orange doit réunir les villages limitrophes de son territoire au sein de sa communauté, à savoir : Caderousse, Camaret-sur-Aygues, Châteauneuf-du-Pape, Courthézon, Jonquières, Montfaucon, Piolenc, Roquemaure, Sérignan-du-Comtat et Uchaux.
Mais en tant que deuxième ville du département du Vaucluse, il paraît logique d’aller au-delà en rassemblant la totalité de son bassin de vie et sa zone d’emploi, puis de sauter le Rhône en créant une grande communauté d’agglomération associant Bagnols-sur-Cèze, Bollène et Orange.
Avec plus de 200 000 habitants, cette zone adossée au fleuve Rhône rayonnerait sur trois régions et quatre départements.
Structurée par les routes nationales 7, 86 et 580, les autoroutes 7 et 9, les lignes ferroviaires Paris-Marseille, classique et TGV, et la ligne de la rive droite du Rhône, cette communauté économique aurait pour fers de lance ses vins des Côtes-du-Rhône, son industrie nucléaire et ses monuments romains.
Un port fluvial et un pont désenclavant le Gard Rhodanien entre Bagnols-sur-Cèze et Orange permettraient de créer une nouvelle zone d’activités économiques idéalement placée au débouché de la vallée du Rhône. Ce port et cette zone ont leur place au côté du site de Marcoule.
Les réalisations à Orange de la déviation de la RN 7 et du 3ème échangeur de l’autoroute A7 ne peuvent qu’ajouter à la cohésion de ce bassin liant trois régions et quatre départements.
A l’image de la communauté du Grand Avignon adossée à Agroparc et au pôle de compétitivité européen d’innovation des fruits et légumes, il est logique que le pôle interrégional de Tricastin-Marcoule irrigue le développement économique des villes d’Orange, de Bagnols sur Cèze et de Bollène.
Entre Gard et Vaucluse, une Communauté d’Agglomération des Côtes du Rhône serait la solution.