Autrefois à Orange un important marché de producteurs maraîchers destinés aux professionnels avait lieu. (Certains aujourd’hui le nomme marché aux primeurs, d’autre marché gare)
Ce marché très ancien a été structuré par un syndicat de producteurs en 1929.
Il s’est tenu successivement en divers endroit de la ville, la place aux Herbes, le cours St Martin, l' après-midi ou le matin selon les époques. Puis suite à des aléas d’organisations dues le plus souvent aux foires et fêtes votives, le terrain actuel a été acheté et aménagé par la ville à la demande des producteurs.
Aujourd’hui le marché des producteurs locaux de fruits et légumes se tient toujours et tous les jours de la semaine sur l’emplacement situé entre le collège Jean Giono, le camp des Gens du Voyage, l’autoroute A7, le stade Costa.
L’emplacement est aménagé avec un abri pour la pluie, des box avec chambres réfrigérées, des salles, des sanitaires, un café restaurant...enfin tout ce qu’il faut ou presque.
Ce marché se tient de 5h00 à 8h00 du lundi au samedi.
Seulement les producteurs locaux se faisant rare ; la municipalité a retiré le gardien.
Dommage !
Au moment ou il faudrait soutenir la production locale, ou les aberrations des exportations ont montré leurs limites, le choix de retirer ce gardien ne semble pas si pertinent.
Est on endetté à Orange ? Non !
Ce n’était plus rentable ? Sans doute. Encore que la notion de rentabilité ici ne devrait pas peser.
En tous les cas ce fait est symptomatique et symbolique des choix politiques actuels et d’Orange en particulier.
C’est tout un secteur qu’on abandonne. Tout un secteur qui n’avait pas besoin de ça mais bien au contraire d’encouragements, de soutiens actifs.
C’est encore la grande distribution qui gagne, avec leurs ballets de transporteurs, la main mise sur les prix. Pour les producteurs: c’est la misère. Par exemple ces dernier temps les salades sur le marché des producteurs avaient atteint des « sommets » : 8 centimes d’euros pièces...
Alors que faire ? Ils se battent les diables, et ils en ont l’habitude. Mais les alternatives sont limitées : marché de producteurs l’été, le magasin : la ferme des producteurs près de l’arc de triomphe, mais là seul quelques uns y trouvent un débouché, quelques ventes à la ferme ou au bord des routes...
Pourquoi, à l’ère du produire et consommer local, notre mairie a fait le choix de retirer un gardien sur trois heures de temps par jours ? Déjà le marché aux volailles a disparu . Il se tenait tous les jeudis sur un court créneau horaire à partir de 8h00, juste après le marché aux primeurs.
Attend-t-on que ce vestige de marché se meure pour de bon ? A son apogée, il déplaçait des commissionnaires et des expéditeurs en plus des épiciers locaux, de Lyon, St Etienne, Vichy, Grenoble, Valence... Les petits producteurs de tous les villages des cantons d’Orange et au-delà, venaient y vendre leurs produits. C'était plus de 120 places louées à l’année et 120 autres attribuées à la bonne saison ;
A-t-on voulu accompagner, précipiter son agonie ?
La question reste posée . Mais pourquoi donc ! Pour économiser ! Nous n’y croyons pas.
Ne serait ce pas plutôt pour récupérer les infrastructures, l’emplacement ? (Comme pour la foire d’Orange.)
Peut être pour y faire pousser un autre collège, bien plus près du bon air des gaz d’échappement de l’autoroute A7 ?
Personne ne peut savoir ni comprendre les capricieuses décisions de notre municipalité.
C’est un bien mauvais calcul pour Orange, ses rares producteurs.
Un bien mauvais calcul pour nous aussi consommateurs. Nous sommes dans une région ou la terre, le climat est favorable aux cultures maraîchères, ou autrefois les champs irrigués par gravitation façonnaient tout le territoire, ou les fruits et légumes savoureux abondaient.
Et nous sommes aujourd’hui condamnés à acheter des fruits et légumes de moindre qualité, souvent décevant gustativement, cultivés avec des produits interdits chez nous et apportés par un fret coûteux, polluant et nuisible.
Tout seul, nous les consommateurs on ne peut rien faire, les producteurs ne peuvent rien faire. La démission politique de notre municipalité d’aujourd’hui nous la payerons au prix fort, par des impacts écologiques, économiques, sociaux non évalués et non évaluables.
La politique c’est l’art des choix - dit J P Cervantes-, un art ou l’intérêt général est chez nous particulièrement sacrifié sur l’autel d’économies ridicules.
Lorsque quelqu’un se noie le bon sens voudrait qu’on lui lance une bouée de secours.
Ici, le choix du capitaine est affligeant.